YGGDRASIL ( le frêne cosmique qui reliait le ciel et la terre
chez les anciens romains , . Il abritait en ses racines les divinités du destin , en ses branches
toute l'humanité et en son sommeil le palais des dieux )
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Je suis né d'un songe de la terre rêvant qu'elle s'unissait au ciel
J'ai grandi dans l'ombre inquiète de racines toujours assoiffées d' obscur
Et j'ai fleuri dans l'allégresse de la sève et l'offertoire des frondaisons
Je suis l'axe du monde , vivant défi des temps carbonifères.
L'alliance de l'ombre et de l'éclair, le tremplin des orages , l'esprit des sources et des souffles
Je suis le sommeil et l'éveil , le silence et la symphonie
Je suis l'oratoire des astres , et mes feuillages s'impatientent des apocalypses à venir
J'abrite en mes branches l'aspic et l'alouette , l'ogre et l'océanide
le singe et la sylphide , le ver et la vestale
J'abrite l'hier des fauves , les présents des oiseaux et le demain des hommes
J'abrite le nid des anges et les couvées du ciel
je suis l'axe du monde . Jacques Lacarrière
" On n'a pas commencé à voir une œuvre d' art si on ne la pas vue selon elle-même selon les structures de notre vision : spatio-temporelles et non par les structures conceptuelles . L'expérience d'œuvres plastiques suit cet ordre: " voir, comprendre , expliquer" . Si je commence par interpréter ou par expliquer je commence non par voir l' œuvre d'art , mais à la saisir et à la plonger dans un espace de signification , que je décrète moi-même , en édifiant à priori une théorie de l'art " Henri Maldiney ( Rentrons " in media res " )
"Regarder et regarder en dessinant ne produisent pas le même savoir " Paul Valéry : Degas danse dessin. :Voir une chose un crayon à la main , c' est savoir accorder du temps au visible ; et il y a plus et autre chose : ce temps du regard, pris dans une opération de visualisation et donc d' interprétation , s' accouple à d'autres temporalités , celles de la pensée , de la main et du crayon qui en se combinant donnent forme à un temps complexe spécifique au faire " Jérémie Koering "Louis Marin et le dessin comme outil théorique
Au départ, il y a réceptivité et accueil surpris ,à travers un dépouillement sans objet ni projet mais ouvert à ce qui arrive et où le sentir éprouve la profondeur du monde. " Le sentiment est au désir comme la matière à la forme . Il est possible d'avancer que le sentiment fournit au désir le sol sur lequel va s' exercer son pouvoir de phénoménalisation "(réalisation ); Mais " ce qui est donné dans le sentiment apparaît plus comme un pôle à rejoindre que comme un matériau à informer". Cela qui est entrevu se dérobe toujours à la mise en forme car la matière se retire comme fond et totalité du monde . D'où toujours " cette tension (écart) entre la matière et la forme , le sentiment et le désir . Le sentiment est la modalité d'ouverture au monde . Il est le point où la présence à soi est absence de soi , l'entrée en soi plongée dans le monde , lieu de communication secrète entre le plus soi-même et le tout autre " / Renaud Barbaras : (métaphysique du sentiment)
Dans l' "Œuvre " nous sommes contemporains de notre origine , qui est perpétuelle , car perpétuellement nous avons , pour être , à exister notre fond ." Henri Maldiney :Cf. :La vérité du sentir
" L'espace est le lieu de la forme ; elle instaure l' espace nécessaire à sa propre genèse " ." Une forme déploie un espace qui est toujours plus grand que celui qui lui est mesuré mathématiquement ; il en est ainsi de tout vivant , parce qu'un vivant habite l'espace en transcendant de toutes ses tensions motrices les limites de sa surface " . Henri Maldiney cf.: Espace, Rythme , Forme
Le spunto : comme point de départ, avec une vocation formelle a donc une direction univoque , une tendance à sa propre forme , mais se présente à l'artiste déjà dispersé à travers de multiples développements possibles ; parmi lesquels, il doit savoir trouver le seul qui permette la maturation de la forme " : " théorie de la formativité " de Luigi Pareyson
L' automouvement , l' autogenèse d' une forme possède une nécessité intérieure
qui paradoxalement est gratuite
Une logique des relations où l' espace de la signification devient un espace réglé par des gradients d' intensité , où s' établit une solidarité entre le sensible ( l' intensité , l' affect etc. ) et l'intelligible . " Aborder les objets visuels au-delà d'une pertinence figurative ou thématique afin de faire dialoguer les deux dimensions : les forces ( invisibles ou peu visibles ) qui " animent " l' image en dépit -ou avec la participation - de sa figurativité , sans que l' une ne nie l' autre " ; et par la façon d' agencer ces deux niveaux , pouvoir approfondir une signifiance en suspension , " le plus difficilement traductible en mots " Luca Acquarelli ( la force de la forme ; autour du figural ) " le sens des images entre forme et force "
" Simondon substitue l'opération au principe " . De même une "sculpture vivante " peut se concevoir comme process , et se penser en termes de devenir , de développement , tout comme pour l' opération d ' individuation qui est geste premier par rapport à l' être = ontogenèse , plutôt qu' ontologie " Là , il s 'agit de saisir la genèse des individus au sein de l' opération d ' individuation où elle se déroule " Autour de Simondon Muriel combes : " Simondon , individu et collectivité , 1999
" Le sensible est précisément ce médium où il peut y avoir l'Être sans qu' il ait à être posé : l' apparence sensible du sensible , la persuasion silencieuse du sensible est le seul moyen pour l' être de se manifester sans devenir positivité , sans cesser d' être ambigu et transcendant " Merleau Ponty
"Le sensible se donne qu' à distance , demeure profond en sa superficialité même , opaque en sa clarté ; Le sensible est ce qui paraît qu' en reculant devant le regard , ne se montre qu' se retirant en cette monstration même : à l' instar d' un mystère , il est caractérisé par une certaine absence au cœur de la présence " la perception essai sur le sensible : Renaud Barbaras
" La matière n'entre dans le processus artistique qu'à condition de mettre sa nature à la disposition de l' intention formative , c'est-à-dire seulement en tant qu'une vocation formelle est conférée à ses caractéristiques " Luigi Pareyson : Théorie de la formativité / ESTHETIQUE
Le propre du perçu est de s'absenter de ce qui le représente , d' excéder toujours ce dans quoi il se donne . Ne reposant plus sur la positivité d'un vécu mais sur une ouverture dynamique , l' apparaître ne délivre pas une signification close , mais bien le monde même ; il y a des styles d'être du monde qui sont tout autant des modalités de notre accès à lui . ( Renaud Barbaras )
Les choses demandent d'être interprétées , connues ; ce qui suppose qu'elles soient les résultats d' une activité formative , organisatrice et non mécanique dans ses phénomènes .D'autre part , l' homme en œuvrant et en formant ajoute ses créations dans le monde lui-même ; en les associant aux formes naturelles où elles se mélangent ,vivent parmi elles , l'artiste crée une continuité , les prolonge les unes dans les autres et les unit dans une alliance indissoluble .Contrairement aux ustensiles , les œuvres d'art et les choses de la nature sont sauvages , fuyantes , détentrices d' un véritable secret ( parfois interprétable ) et n'ont rien d'autre à déclarer que leur présence physique .Ainsi , la forme est essentiellement ouverte et communicative . Luigi Pareyson " Esthétique " = l'art dans la vie de l' homme (p. 291)
L'appartenance définit l'être de tout étant : c'est en partant de l'appartenance au monde ( et non plus en la fondant sur le corps où on se donne là nécessairement un sujet préalable déjà constitué et par lui-même étranger au monde ) donc en la substituant au corps , on fait du sujet une dimension de cette appartenance . Faire de l' appartenance un mode d'être originaire , c' est la comprendre comme la condition de l' ipséité .Au fond si l' appartenance est bien un fait primitif , elle n'est plus ce qui arrive à un sujet mais bien plutôt ce à partir de quoi le sujet arrive : Renaud Barbaras , L'Appartenance , vers une cosmologie phénoménologique (page 16 )
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